À l’origine de l’Oasis des Bois
(bivouacs en pleine nature et à la belle étoile), il y a le lieu. Une forêt
domaniale, à l’écart d’un peu tout. Pas de tourisme, pas d’habitation, seulement
deux anciens villages ruinés, datant de plusieurs
siècles. Que des ruines de pierres avec leur beauté, leur nostalgie, la trace
d’une ancienne civilisation disparue. Tout autour, la nature a repris ses droits.
Une rivière a creusé un vallon,
puis des gorges. Tout autour
s’articulent des collines, des falaises, des bois accrochés aux pitons rocheux.
Des canyons nous rejoignent, et nous gagnons en remontant les vasques et le lit
rocheux la vallée qui moutonne au pied de la montagne. Des prés, des bois
encore, quelques rares chemins et sentiers.
Quelquefois, des hommes viennent.
C’est nous, petits groupes d’un genre nouveau qui perpétuent la présence
humaine en ces lieux. En partage du lieu avec chevreuils, blaireaux, aigles, renards
et chamois. Peut-être sommes-nous les premiers, depuis des siècles, à fouler
certains sentiers.
Car ici, le temps semble
suspendu. Il y a dans l’air comme un écho murmurant, une paix, un silence en
attente qui nous environne.
Ces lieux ont en mémoire un pouvoir lointain,
secret.
Il y eut un Autrefois fécond ici,
chargé de mystères. Des hommes rudes et fiers, qui s’accrochaient avec passion
à leur terre, dépositaires de fragments de la science enfouie dans la nuit des
temps et druides en sabot arpentant cette terre immémoriale.
Il y a tant à vivre ici. Du rire,
de la joie, des danses. Des silences habités. Des ciels étoilés dans la clameur
muette de la nuit.
Pour ce qui me concerne, les
plaisirs les plus intenses sont ici, loin des hommes et de leur univers de
béton. Ici se créé chaque jour, à travers les saisons, un monde qui n’a pas
besoin de nous.