OBJECTIFS

L’expérience qui est actuellement en cours au CBE, depuis l’automne 2014, est emblématique à plus d’un titre et dépasse largement les enjeux individuels de la recherche d’emploi.
C’est un creuset expérimental qui permet de faire émerger des thématiques cruciales et révélatrices de la situation de notre société, et plus particulièrement du monde professionnel.
En tant que « séniors », après plus de 30 années de vie professionnelle, nous avons pu mettre en commun nos « feedbacks » respectifs et cette richesse - collectée depuis maintenant plusieurs mois - a permis de mettre en évidence certaines idées-forces, porteuses d’enseignements.
L’évidence, pour nous, concerne un paradoxe qui peut interpeller. En effet, parvenus à un stade de maturité, de connaissance et de compétence qui nous place dans les meilleures conditions afin de transmettre les fruits de nos parcours respectifs, nous nous entendons dire que pour le « marché » du travail, nous ne présentons plus les mêmes garanties liées aux critères d’embauche en vigueur. Autrement dit, nous serions trop vieux.
Pour notre part, ce verdict, au-delà de l’absurdité de la situation, cache en réalité une forme de pathologie sociétale à laquelle nous aimerions apporter des solutions inspirées de nos expériences.
Isolés, chacun, derrière nos ordinateurs à la maison à la quête d’offres d’emploi qui semblent se dérober au fur et à mesure de nos démarches, nous avons pu mesurer l’acuité de ce constat. Cela pèse sur nous comme une sorte de fatalité, un état de fait que notre âge semble attester.
Hors, le premier grand bénéfice de la démarche de groupe que nous vivons ici est de nous sortir précisément de cette ornière conceptuelle, nous permettant de vibrer à d’autres perspectives qui peut-être un jour nous permettrons de faire mentir les statistiques.
Ces perspectives ne sont pas sans incidences avec une autre vision de la vie, du monde du travail et de la société en général. Comme si notre âge nous autorisait à voir la situation avec un recul offrant un véritable espace de réflexion.
Ainsi, ce qui nous frappe déjà, outre le dynamisme et la seconde jeunesse que nos échanges semblent générer très spontanément, c’est la fluidité de l’évidence intergénérationnelle. Nous avons à apporter aux plus jeunes  (nos expériences en attestent), et de cette alchimie précieuse une vraie richesse devrait pouvoir se dégager. La notion de transmission est essentielle car au-delà des diplômes rien ne remplace l’expérience. En échange, les jeunes générations nous apportent leur insouciance et leur légèreté, cet esprit opportuniste et audacieux qui est dans leur adn (très éloigné des standards de notre génération). Le challenge générationnel nous propose ainsi d'oser le partage, afin de réussir la collaboration entre jeunes et plus anciens et reprendre confiance ensemble, avec pour perspective tous les possibles de demain.

Mais au-delà, il nous semble qu’il est important de décloisonner des notions finalement lourdes d’idées préconçues et de préjugés. Les cloisonnements statutaires liés à l’âge, au sexe, à la couleur de peau nuisent au bon fonctionnement du monde professionnel en général.
Derrière cette notion de cloisonnement il semble également qu’un critère insidieux fausse la donne. Il s’agit de la notion de compétition. C’est un levier largement utilisé dans le monde du travail, cautionnant la notion de pression négative supposé galvaniser la productivité.
Ces vieilles notions, à nos yeux, ont créé une véritable pathologie professionnelle ayant des répercussions sur les mentalités, le monde du travail et la société en particulier.
Cela est sans doute dû à une mauvaise compréhension des enjeux du vivre ensemble. Personne ne peut nier à l’heure actuelle que le système prévalant depuis tant de décennies désormais a des effets pervers - que la notion de « crise » prétend d’ailleurs dissimuler.
Cette conception commet à notre sens une erreur fondamentale qui rejoint toute notre thématique : elle oublie le facteur humain. Et quelle caution souhaitons-nous apporter à un système qui nie le fondement même de notre société ?
Les êtres humains sont nés pour vivre et travailler ensemble, collaborer, s’entraider et se comprendre aussi quand il le faut. La stérile structure pyramidale générée par le système économique actuel souhaite à l’inverse diviser, creuser les clivages et appauvrir le lien social.
Notre vision du monde du travail vise à l’inverse à valoriser et encourager l’émergence des potentialités de chacun, dans une démarche d’intelligence collective permettant à chacun de trouver sa place en fonction de son profil et de ses compétences.
Chacun a le droit de devenir pleinement acteur de sa vie. Sans angélisme, loin des utopies à notre sens cette réalité est totalement réaliste, pragmatique. Elle consiste tout simplement à permettre à chacun de dégager le meilleur de lui-même en fonction de ses aptitudes. Nous sommes tous à des degrés divers compétents et complémentaires les uns des autres.
Forts de ce constat, nous sommes force de proposition…
Maintenant, que des projets naissent ou pas de ce creuset du CBE, une évidence s’impose : nous constituons un vivier abondant en ressources, en idées, en interactivité. Une certaine notion de solidarité affleure aussi, avec ce sentiment que nous ne sommes plus seuls désormais.
Valérian BRILL

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